Smolensk envoyée spéciale
«Désolé, je ne peux pas vous parler. Les téléphones sont écoutés. Ce n'est pas que j'ai peur pour moi, mais c'est pour mes enfants...» L'entretien téléphonique avec cet ancien haut fonctionnaire de Smolensk s'arrête là. La menace est peut-être exagérée, mais elle exprime crûment le nouveau climat qui s'est installé ces dernières années dans cette région de 1,1 million d'habitants, non loin de la frontière avec la Biélorussie. Avec Voronej et l'Ingouchie, Smolensk est l'une des trois régions russes qui ont élu un gouverneur issu, comme Vladimir Poutine, du KGB, les «services secrets», rebaptisés FSB (Service fédéral de sécurité) en 1995. Viktor Maslov, 53 ans, ancien chef local du FSB, a été élu gouverneur de Smolensk en mai 2002, l'emportant sur un ancien gouverneur communiste, Alexandre Prokhorov, au terme d'une campagne électorale révélatrice des méthodes de ces siloviki, les représentants des «services de force» qui ont repris beaucoup d'influence sous Poutine.
«La campagne s'est déroulée sur fond de coupures d'électricité, raconte Dmitri Raitchev, journaliste au quotidien local le Chemin de l'ouvrier, ex-journal communiste passé sous le contrôle du patron de l'entreprise locale de taille de diamants, lequel a fait allégeance au nouveau gouverneur. Le directeur de la compagnie locale d'électricité, Smolenskenergo, chef local de l'Union des forces de droite (parti des hommes d'affaires qui collabore avec Poutine, ndlr), avait décidé de soutenir le p