Le Maroc peut-il être à la fois lié aux Etats-Unis par un accord de libre-échange et aux Européens par un accord d'association ? Pour les Américains, intérêts économiques et géostratégiques vont de pair. Et sont évidents. Depuis le 11 septembre, ils entendent renforcer, y compris militairement, leur présence au Maghreb et trouver des débouchés pour leurs produits. Pour le Maroc, qui a ratifié le 2 mars à Washington un accord de libre-échange, l'affaire est plus complexe et a provoqué une belle polémique dans le royaume. Chefs d'entreprise et syndicats se sont inquiétés des conséquences de cet accord sur l'économie, prédisant une «catastrophe pour les paysans marocains», secteur crucial dont dépendent 8 millions de personnes.
Grogne.
«Nous devions trouver un moyen de diversifier nos exportations, explique Taïeb Fassi Fihri, ministre délégué marocain aux Affaires étrangères, qui a mené les négociations avec les Etats-Unis. Surtout, il fallait attirer des investissements et, là, l'accord constitue un signal fort à la communauté internationale des affaires car il marque la reconnaissance d'un progrès dans nos réformes économiques. Par ailleurs, il n'est en rien incompatible avec les accords passés avec l'UE ou dans le cadre de l'OMC.»
Au final, la grogne contre cet accord une manifestation fut durement réprimée à Rabat aura sans doute permis au royaume d'obtenir, au terme de treize mois de tractations laborieuses, de moins mauvaises conditions. «Notre première ligne rouge, pour