Moscou de notre correspondante
«Il sait comment se faire aimer. Quand Poutine te parle, tu ne peux pas manquer d'éprouver de la sympathie pour lui.» Depuis plus de quatre ans qu'elle observe le président russe et l'accompagne dans ses voyages, Svetlana Babaïeva, correspondante au Kremlin du quotidien Izvestia, avoue ne pas résister à une certaine fascination, envers et malgré tous les dérapages qui la choquent, comme l'arrestation de Mikhaïl Khodorkovski, le patron du groupe pétrolier Ioukos. Tous ceux qui approchent Poutine le confirment : le président russe maîtrise l'art, sans doute appris lors de ses années de service au KGB, de séduire. Le plus souvent, le maître du Kremlin parle à voix basse, le ton doux et posé, donnant l'illusion de l'intimité, mais forçant aussi à l'écouter attentivement.
«On peut être fier». Vladimir Poutine plaît. Quels que soient les soupçons de fraude qui risquent d'entacher sa réélection, il est réellement populaire. «C'est le premier président dont on peut être fier», entend-on souvent dire en Russie. Après Boris Eltsine, resté dans les mémoires russes comme un ivrogne manipulé par son entourage, et après Mikhaïl Gorbatchev, coupable d'avoir laissé démanteler l'Union soviétique, Poutine est l'homme qui a restauré l'autorité de la Russie, même si c'est au prix d'une guerre qui n'en finit pas en Tchétchénie. Et qui a permis la reprise économique, même si c'est surtout grâce aux prix élevés du pétrole.
Charmeur mais dur, impitoyable quand il le faut