Vienne correspondance
Six jours après les élections régionales en Carinthie (sud de l'Autriche), il aura fallu à peine une douzaine d'heures de négociations pour que les sociaux-démocrates (SPÖ) et le FPÖ de Jörg Haider se mettent d'accord pour gouverner ensemble pendant les cinq prochaines années. Un accord qui a fait l'effet d'un coup de théâtre, car il équivaut à la rupture d'un tabou. Jusqu'ici, Haider et son parti avaient été mis en quarantaine par le SPÖ, qui n'a cessé de dénoncer l'alliance conclue en 2000 entre le conservateur Wolfgang Schüssel et l'extrême droite autrichienne comme «un pacte avec le diable». Plusieurs dirigeants du PS autrichien avaient d'ailleurs salué les sanctions décrétées alors par les 14 partenaires européens de l'Autriche.
«Expérience». Aussitôt après l'annonce de l'accord en Carinthie, la secrétaire nationale du SPÖ, Doris Bures, s'est dépêchée de souligner qu'il s'agissait d'«une décision autonome du SPÖ de Carinthie qui n'aura aucune conséquence significative au-delà des frontières de ce Land». Peter Ambrozy, numéro 1 du PS carinthien, a toutefois indiqué que sa décision avait été prise en accord avec Alfred Gusenbauer, le patron du SPÖ. Martin Strutz, chef régional du FPÖ, ne s'y est pourtant pas trompé : «C'est un signal clair que la marginalisation de Jörg Haider appartient bel et bien au passé !»
La Carinthie représente en outre une situation particulière. Avant l'arrivée au pouvoir de Haider, le SPÖ y était déjà très bien implanté, même