Gaza envoyé spécial
Les ouvriers palestiniens, entrés tôt ce matin en Israël, ont laissé leurs blousons pendus sur les barbelés du long corridor qui relie la partie palestinienne au terminal israélien d'Erez. De crainte qu'ils ne contiennent des explosifs ; ils les récupéreront au retour. Aujourd'hui, 5 000 travailleurs ont eu le droit de rejoindre la zone industrielle d'Erez, attenante au poste-frontière, où plusieurs entreprises sont détenues en commun par des Palestiniens et des Israéliens. «Travailler, c'est tout ce que je veux, lâche Ibrahim, 42 ans. J'ai dix enfants à nourrir.» L'emploi en Israël, vital pour plusieurs milliers d'ouvriers palestiniens, est conditionné par les attentats.
Sur cette inquiétude, s'est greffée l'annonce par Ariel Sharon du «retrait unilatéral» de Gaza. Cette annonce avait fait l'objet de l'incrédulité, voire des sarcasmes, de la plupart des autorités palestiniennes, à commencer par le premier d'entre eux, Yasser Arafat. Désormais, ce dernier comme les autres responsables la prennent au sérieux. Et s'y préparent. Sur deux plans : la lutte contre l'anarchie qui s'ensuivrait et celle, entre organisations extrémistes et l'Autorité, pour le contrôle de la bande de Gaza. «Ici, on compte près de 17 organes de sécurité. Et un agent pour 5 Palestiniens», rigole Nouredine, très au fait des arcanes locaux. Sans compter «la corruption, les jeux de clans et la multiplication des kataëb (brigades), que chaque chef digne de ce nom doit avoir à sa disposition