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Libération

«L'aspect politique est passé»

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publié le 16 mars 2004 à 23h47

Arlon envoyée spéciale

Quelques femmes, quelques retraités piétinent sous la neige, devant les portiques de sécurité couverts de bolduc blanc et des photos des quatre victimes de Marc Dutroux. Chacun porte un pompon, un ruban, une fleur blanche. Ils attendent de pénétrer dans la salle des assises et auront une place, dans une heure ou deux, vu la maigre affluence. «Je veux juste voir le monstre dans sa cage», dit une femme, mère au foyer. Il n'y a eu ni manifestation ni cérémonie. L'affaire Dutroux, phénomène cathartique des années 90, n'est plus une affaire collective. Avec le procès, qui démonte beaucoup de fantasmes, elle prend sa place dans l'histoire des grands faits divers, pas loin de Landru et de Gilles de Rais.

Un homme à barbiche blanche distribue des tracts «Plus jamais ça» devant le palais de justice. Guy Poncelet a été procureur du roi à Tournai. Il anime aujourd'hui l'Observatoire citoyen, créé après l'affaire Dutroux, quand la «marche blanche» avait lancé 350 000 Belges dans les rues de Bruxelles. C'était en 1996, on découvrait l'étendue du désastre. L'ogre et sa femme, les gendarmes sortis d'une mauvaise histoire belge, la justice à bout de souffle, les politiques sans voix. La rumeur d'un réseau, toile criminelle tissée par les puissants, courait aux quatre coins du royaume. Le peuple, Flamands et Wallons au coude à coude, réclamait des réformes. Huit ans après, le soulèvement est retombé. Les comités blancs qui avaient fleuri d'Ostende à Charleroi ont presque