Genève de notre correspondant
Pour Arjan Erkel, le cauchemar a commencé il y a dix-huit mois. Et désormais la vie du chef de mission de Médecin sans frontière (MSF) Suisse, retenu en otage dans le Nord-Caucase, ne tiendrait plus qu'à un fil. Ce sont les informations inquiétantes dont dispose Thomas Nierle, le chef des opérations de MSF à Genève : «Nous avons appris qu'il court le danger d'être exécuté de manière imminente par ses ravisseurs.» Le 12 août 2002, Arjan Erkel raccompagne son interprète. Il se fait alors kidnapper dans une banlieue de Makhahkala, la capitale du Daguestan. Trois hommes masqués neutralisent son chauffeur et poussent brutalement Arjan dans une Lada blanche. Des mois plus tard, MSF apprendra que deux agents du FSB (ex-KGB) ont assisté au rapt sans bouger. Ce sera le premier signe d'un comportement pour le moins ambigu des autorités russes. Au point qu'aujourd'hui MSF pointe un doigt accusateur vers Moscou : «Je ne dis pas qu'il suffise que Poutine claque des doigts pour qu'Arjan réapparaisse par enchantement. Mais j'affirme que si les autorités russes le voulaient, elles pourraient obtenir sa libération», affirme Thomas Nierle. Motif d'agacement supplémentaire pour MSF, l'attitude timorée des gouvernements occidentaux : «Arjan Erkel est sacrifié au nom de la raison d'Etat. Ni les Pays-Bas, dont Arjan Erkel est ressortissant, ni aucun autre gouvernement ne mettent de la pression sur Moscou.»
La cellule de crise de MSF a analysé la captivité sans précéden