Pailin envoyé spécial
Toute sa vie, il a été le serviteur fidèle de la révolution khmère rouge, cette tentative de transformation radicale de la société cambodgienne qui a abouti, entre 1975 et 1978, à l'un des plus effroyables massacres de l'Histoire. Pendant cette période, environ 2 millions de personnes, soit près d'un tiers de la population, sont mortes d'épuisement, de maladie ou de faim, ou, pour 500 000 d'entre elles, ont été exécutées. Aujourd'hui, à 73 ans, Khieu Samphan ne renie pas son engagement politique, mais concède avoir des regrets, celui, par exemple, «d'avoir participé involontairement à ces mains sales». Dans son regard, brille encore une sorte de ferveur qui confine à la sincérité, quand il évoque son «admiration pour les hommes qui ont su mobiliser la masse statique des paysans» ou son «enthousiasme» quand il a appris à la radio la prise de Phnom Penh, le 17 avril 1975. Président du Kampuchea démocratique nom officiel du régime khmer rouge d'avril 1976 jusqu'à l'invasion par l'armée vietnamienne en décembre 1978, Khieu Samphan a été, jusqu'à sa reddition en 1998, le visage public du mouvement, un rôle qu'il continue peut-être encore à jouer aujourd'hui, alors que se profile la perspective d'un procès des principaux leaders du régime.
Cheveux blancs, vêtu d'une chemise sans col, Khieu Samphan reçoit dans une maison sur pilotis à l'intérieur très dépouillé, située dans l'ancien fief khmer rouge de Pailin, dans le nord-ouest du Cambodge. La frontière tha