Menu
Libération

Khieu Samphan, un génocide de retard au Cambodge

Article réservé aux abonnés
publié le 17 mars 2004 à 23h47

Pailin envoyé spécial

Toute sa vie, il a été le serviteur fidèle de la révolution khmère rouge, cette tentative de transformation radicale de la société cambodgienne qui a abouti, entre 1975 et 1978, à l'un des plus effroyables massacres de l'Histoire. Pendant cette période, environ 2 millions de personnes, soit près d'un tiers de la population, sont mortes d'épuisement, de maladie ou de faim, ou, pour 500 000 d'entre elles, ont été exécutées. Aujourd'hui, à 73 ans, Khieu Samphan ne renie pas son engagement politique, mais concède avoir des regrets, celui, par exemple, «d'avoir participé involontairement à ces mains sales». Dans son regard, brille encore une sorte de ferveur qui confine à la sincérité, quand il évoque son «admiration pour les hommes qui ont su mobiliser la masse statique des paysans» ou son «enthousiasme» quand il a appris à la radio la prise de Phnom Penh, le 17 avril 1975. Président du Kampuchea démocratique ­ nom officiel du régime khmer rouge ­ d'avril 1976 jusqu'à l'invasion par l'armée vietnamienne en décembre 1978, Khieu Samphan a été, jusqu'à sa reddition en 1998, le visage public du mouvement, un rôle qu'il continue peut-être encore à jouer aujourd'hui, alors que se profile la perspective d'un procès des principaux leaders du régime.

Cheveux blancs, vêtu d'une chemise sans col, Khieu Samphan reçoit dans une maison sur pilotis à l'intérieur très dépouillé, située dans l'ancien fief khmer rouge de Pailin, dans le nord-ouest du Cambodge. La frontière tha