Menu
Libération

Les Nations unies replongent dans le «malaise rwandais»

Article réservé aux abonnés
Malgré les nombreux avertissements, l'ONU n'a rien fait pour prévenir le génocide ni stopper les massacres.
publié le 18 mars 2004 à 23h49

New York de notre correspondant

«C'est très difficile de savoir exactement ce qui s'est passé il y a dix ans. Une enquête interne est en cours. Tout cela est avant tout une énorme bévue.» Dans l'immeuble des Nations unies, la réponse est invariable. Après l'incroyable découverte, le 11 mars, d'une boîte noire envoyée au siège de New York après l'attentat contre l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, en 1994, l'organisation est sur la défensive.

L'affaire a replongé les Nations unies au coeur d'un malaise que certains ici appellent depuis longtemps «le malaise rwandais». L'épisode rocambolesque de la boîte noire, mais aussi les affirmations de l'ancien enquêteur du TPIR, Michael Hourigan (lire ci-dessus), reposent la question de la responsabilité de l'ONU au Rwanda. Dans son rapport, le juge Bruguière reproche à l'organisation internationale d'avoir tenté à plusieurs reprises de gêner son enquête.

Avertissements. Très tôt, en réalité, l'ONU s'est vue montrée du doigt pour n'avoir pas su prévenir le génocide qui a suivi le crash de l'avion présidentiel, mais aussi pour n'avoir pas su intervenir une fois les massacres enclenchés. En 1999, un rapport commandé par Kofi Annan lui-même rappelle comment le secrétaire général, alors en charge des forces de maintien de la paix, n'a pas réagi face à plusieurs avertissements du général Roméo Dallaire, le chef des Casques bleus à Kigali, concernant un risque de génocide.

Un retour en arrière sur les déclarations et les rapports d