Rarement grève de la faim aura eu objectif aussi basique. Ne buvant que de l'eau depuis trente-neuf jours et donc dans un état médical très inquiétant , Jalel Ayyed, 36 ans, et Abdellatif Makki, 37 ans, ne réclament qu'une chose : pouvoir reprendre des études de médecine dont ils ont déjà fait cinq années.
Or la faculté de médecine de Tunis refuse d'inscrire ces deux anciens étudiants pour qu'ils effectuent l'internat hospitalier indispensable pour obtenir leur diplôme. Pensant contourner ce refus , Makki et Ayyed se sont inscrits en DEA de biochimie de la faculté des sciences de Tunis. En vain encore : tout accès aux laboratoires de recherche leur est refusé. Et ils ne peuvent donc mener les études nécessaires pour leur thèse. Ni encore ! obtenir de diplôme.
L'acharnement contre ces hommes, qui ont purgé respectivement huit et dix ans de prison, notamment pour leurs activités syndicales au sein de l'Union générale tunisienne des étudiants, a une explication : ils sont islamistes. «Ils sont victimes de mesures arbitraires qui empêchent toute réinsertion au seul motif de leurs opinions politiques et de leurs activités syndicales passées», estime Souhayr Belhassen, vice-présidente de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH). Cette organisation a d'ailleurs demandé à l'Unesco d'intervenir d'urgence et aux autorités tunisiennes de respecter le droit à l'éducation, conformément à leurs engagements.
Jusqu'ici, le ministre tunisien de l'Enseignement supérieur e