Taipei envoyée spéciale
Vanessa se souvient encore avec netteté de ses vacances en Chine il y a presque dix ans. «En tant que "compatriote taiwanaise", je devais faire la queue au guichet réservé aux Chinois mais payer le prix élevé du billet pour étrangers dans les sites touristiques. Je n'avais pas trouvé cela très logique. Il faudrait que les Chinois décident si nous sommes comme eux ou différents !» sourit la jeune femme, qui travaille à la direction d'une entreprise informatique de Taipei. «Pour moi, c'est simple : les Chinois sont nos voisins. Je n'ai rien contre eux, mais ils me sont étrangers», ajoute-elle, accoudée au comptoir d'un bar de Dong Qu, quartier branché de Taipei.
Affinités. Un certain nombre de Taiwanais «de souche», venus des provinces chinoises du Fujian et du Guangdong il y a trois bons siècles, partagent cette vision. Contrairement aux «continentaux», ces familles chinoises qui se sont réfugiées à Taiwan en 1949 pour fuir les communistes, mais se sentent encore culturellement proches de la Chine. C'est le cas de Yu Jin, jeune serveur dans un restaurant du même quartier. «J'ai encore des cousins près de Shanghai, je me sens concerné par ce qui se passe là-bas. Je suis chinois et je ne vois pas pour quelle raison je devrais le renier», confie-t-il. Shao-inn, gérant d'une galerie d'art voisine, préfère, lui, se définir comme un «Chinois de Taiwan», «car je me sens des affinités des deux côtés du détroit qui nous sépare». Une identité «métisse», modelée pa