Bruxelles (UE)
de notre correspondant
L'Union aura-t-elle sa Constitution avant les élections européennes de juin ? L'espoir est revenu depuis la défaite du Parti populaire en Espagne, dont le leader, José Maria Aznar, avait opposé son veto, avec la Pologne, en décembre, au projet soumis par la Convention européenne. Mais rien n'est encore joué car il n'est pas dit que les socialistes espagnols soient prêts à signer le texte en l'état. Or, pour la France, il n'est pas question de toucher à l'oeuvre de Valéry Giscard d'Estaing. Alors que le prochain sommet des Vingt-Cinq se tient jeudi et vendredi, les possibilités de compromis explorées par la présidence irlandaise de l'UE sont mal vues à Paris. Pour satisfaire Madrid et Varsovie, Dublin oeuvre désormais à modifier le point le plus contesté, le système facilitant le vote à la majorité qualifiée au sein du Conseil des ministres, de sorte que les petits et moyens Etats regagnent du poids face aux grands.
Alors que l'Allemagne se dit prête à composer, la rigidité française renforce les soupçons que nourrissent beaucoup de chancelleries européennes à propos de Chirac. Le président français est accusé d'être le vrai responsable du fiasco du sommet de Bruxelles car, déjà à l'époque, il avait refusé tout compromis, à la différence de son allié allemand. Pourquoi vouloir l'échec ? Pour ses détracteurs, c'est pour bâtir sur les ruines de l'Union une Europe des «groupes pionniers», réunissant, selon les sujets traités, tels ou tels pays.