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Libération
Reportage

«Difficile de vivre en paix sans espoir»

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publié le 25 mars 2004 à 23h56

Pristina, envoyé spécial.

Ce sont des affiches bariolées et un peu kitsch, avec au premier plan Skanderbeg, le héros national albanais du XVe siècle à côté d'un F-16 de l'US-Air Force. Elles trônent sur tous les murs dans les villes et au bord des routes pour célébrer le «Jour de l'espoir», ce 24 mars 1999, première journée des bombardements de l'Otan qui allaient aboutir, un peu plus de deux mois plus tard, à la libération du Kosovo. Le bilan est cependant pour le moins mitigé, cinq ans après l'instauration d'un protectorat de l'ONU sur cette province du sud de la Serbie, désormais peuplée à 95 % d'Albanais de souche. «Il y a enfin la liberté mais aucune véritable perspective d'avenir ; cette insatisfaction croissante a mené à l'explosion des 17 et 18 mars», souligne le sociologue Anton Berisha.

«Violences criminelles». Ces deux jours d'affrontements interethniques, les plus graves depuis le départ des forces de Belgrade, en juin 1999, ont fait, selon un bilan définitif, 28 morts, plus de 900 blessés, sans compter une trentaine d'églises orthodoxes serbes détruites. «C'était une rébellion contre tout et contre tous : d'abord contre les Serbes accusés de refuser la nouvelle réalité et contre l'ONU qui fait traîner la question de l'indépendance, mais aussi contre les partis toujours plus coupés des réalités», analyse Hilal Matoshi, écrivain et animateur du supplément hebdomadaire du quotidien Zëri qui fut le premier à oser dénoncer «ces violences criminelles» alors que les lead