Madrid, de notre correspondant.
Les funérailles d'Etat en hommage aux 190 victimes et aux 1 400 blessés du massacre du 11 mars, n'ont pas été épargnées par la polémique et certaines tensions. Tout avait pourtant commencé dans la plus grande solennité : à 12 h 30, alors que certains chefs d'Etat et de gouvernement (une vingtaine était conviée, dont Jacques Chirac ) ne sont toujours pas arrivés, la cérémonie commence au son de l'hymne national. Le cardinal Rouco Varela, accompagné par 28 évêques et archevêques, évoque les victimes d'un «acte barbare commandé par la haine». Derrière l'autel, pend un immense drap blanc sur lequel a été fixé un crêpe noir en forme de ruban croisé, symbole du deuil national.
Guerre injuste. Mais, rapidement, on sent monter la nervosité parmi les quelque 500 parents de victimes présents dans la nef. Au début de l'office, le père d'un tué a pris à partie José Maria Aznar, le Premier ministre sortant qui avait engagé l'Espagne dans le conflit irakien malgré le rejet de 90 % de l'opinion : «Monsieur Aznar, je vous rends responsable de la mort de mon fils.» Plus tôt le matin, à travers la radio privée Ser, la plus écoutée du pays, la mère d'une autre victime avait fait savoir son refus d'assister à la cérémonie, car elle aurait dû s'asseoir aux côtés du secrétaire d'Etat Colin Powell et du Premier ministre britannique Tony Blair, responsables, aux yeux de son défunt fils, d'une «guerre injuste et immorale».
La polémique ne s'arrête pas là. Un «profond mal