Depuis six mois, les partisans du président ivoirien Laurent Gbagbo annoncent la couleur : les marches des partis favorables à l'application de l'accord de paix sont proscrites. Les «marcoussistes» qui ont bravé la menace hier à Abidjan, l'ont payé cher : 25 morts (dont 2 policiers), selon le bilan officiel, 30 morts, en majorité des civils, selon des sources concordantes. Pour le Front populaire ivoirien (FPI) de Gbagbo, cette manifestation était une «tentative d'insurrection armée», a déclaré hier soir à la télévision son secrétaire général Miaka Oureto.
«A balles réelles». Au petit matin, les partisans du RDR (Rassemblement des républicains), du PDCI (Parti démocratique de Côte-d'Ivoire) et d'autres formations politiques plus marginales ont commencé à se rassembler dans les quartiers périphériques de la ville. Conformément au mot d'ordre, ils avaient prévu de converger pacifiquement vers la place de la République, non loin du palais présidentiel. Cette zone, traditionnelle destination des marches, avait été décrétée «rouge» par l'armée.
Les manifestants ne sont jamais arrivés au point de ralliement. «Nous commencions à peine à nous rassembler quand des hélicoptères de combat nous ont survolés à basse altitude et nous ont lancé des gaz lacrymogènes, raconte un militant du RDR. Ensuite, les gendarmes nous ont tiré dessus à balles réelles.» En colère, certains ont attendu le moment propice pour tenter d'avancer, d'autres se sont cachés, effrayés par les rase-mottes des MI 24 e