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Portrait

Taiwan: Chen ou le charivari autour d'un chef d'Etat

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Après une élection mouvementée et des résultats controversés, il a officiellement été proclamé vainqueur.
publié le 27 mars 2004 à 23h57

Pékin intérim

Est-il le héros démocrate et protecteur de la fierté taiwanaise que vénèrent ses partisans ? Ou bien le politicien assoiffé de pouvoir et capable de simuler un attentat que décrient ses adversaires ? Une seule certitude : le président taiwanais Chen Shui-bian déchaîne chez ses concitoyens des passions contraires. Passions qui se sont exacerbées au fil des soubresauts politiques qui n'en finissent plus d'agiter le pays depuis quelques jours : une blessure reçue au cours d'une mystérieuse attaque, sa réélection à l'arrachée (30 000 voix) le lendemain, aussitôt contestée par l'opposition qui crie à la fraude et réclame un nouveau décompte. Une rude semaine en somme pour «A-bian», le surnom du Président. Mais ce dernier n'en est pas à sa première tempête. Il a même toujours montré une étonnante capacité à surmonter les épreuves. Son combat commence dès sa naissance, en 1950, dans le sud de l'île : il est si chétif que ses parents paysans ne le déclarent pas à l'état civil, ne sachant pas s'il survivra. Mais le nourrisson s'accroche aussi fortement à l'existence qu'il s'échine ensuite à obtenir les meilleures notes à l'école, gagnant son ticket pour la prestigieuse National Taiwan University, dont il sort diplômé en droit.

Au début des années 80, Chen Shui-bian assure la défense d'un groupe de dissidents qui ont manifesté contre le parti alors unique du Kouo-min-tang. Séduit par leur combat pour la démocratisation du régime, il abandonne sa carrière d'avocat, rejoint