São Paulo de notre correspondante
On les appelle les «veuves du bingo». Depuis la fermeture, le 20 février par décret présidentiel, des 1 100 bingos du Brésil, elles ne décolèrent pas. Elles, ce sont les retraitées, clientes assidues de ces établissements qui proposaient loteries et autres machines à sous. «Lula nous a privées de notre principal loisir, tonne Eneyde, une ex-directrice d'école de 70 ans. Il n'a pas le droit !» «J'ai des amies qui en sont malades, renchérit Elizabeth, 65 ans. Le patron du bingo où je jouais, lui, a fait un infarctus.» «Malgré l'interdiction des casinos depuis 1946 par un président conservateur, la culture du jeu est forte au Brésil, note l'anthropologue José Jorge de Carvalho. Les jeux télévisés l'ont approfondie. La crise économique des années 80 aussi. Depuis, toutes sortes de loteries, légales ou pas, ont proliféré.» La plus populaire est clandestine. C'est le jogo do bicho (le «jeu de l'animal), qui finance le carnaval mais aussi, dit-on, les partis politiques. Les bingos, eux, attirent principalement la classe moyenne. «Mais dans les métropoles comme São Paulo (qui compte à elle seule 302 bingos, ndlr), il y en a partout, y compris dans la périphérie pauvre, note le psychiatre Hermano Tavares, qui traite les joueurs compulsifs. Cela sans parler des machines à sous installées dans les bars populaires» et visées, elles aussi, par l'interdiction.
«Passe-temps merveilleux». On évalue la clientèle des bingos à 2 millions de joueurs (sur 177 mill