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Libération

La «sale guerre» algérienne rebondit en France

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publié le 31 mars 2004 à 0h01

«De toute façon, ton père (disparu, ndlr), c'est un terroriste...» Ce sont les années les plus noires et les plus sanglantes de la sale guerre qui ont fait irruption, lundi, dans les locaux de la police judiciaire de Nîmes. Face à face, quatre hommes : Houari Saïdane et Fethi Azzi, témoins et victimes, chacun, de l'enlèvement de leur père en Algérie par les deux autres, des miliciens installés en France depuis 1998 : les frères Abdelkader Mohamed et Hocine Adda Mohamed.

Accusés de «tortures, actes de barbarie et crimes contre l'humanité» par la Ligue des droits de l'homme et la FIDH, qui ont porté plainte contre eux en octobre 2003, les frères Mohamed ont été interpellés, lundi, à Nîmes, et placés en garde à vue sur ordre du juge d'instruction Gilles Jorda, a appris hier Libération. C'est une première en France, où jamais des hommes impliqués directement dans des tueries contre les civils en Algérie n'avaient été inquiétés. Les localiser dans l'Hexagone n'aura pas été facile : les frères Mohamed ont déménagé trois fois et tous leurs papiers administratifs ­ bail, téléphone.. ­ étaient au nom de leurs femmes. Et comment les reconnaître avec leurs dix kilos de plus et leur moustache rasée ? Un luxe de précautions qui s'explique aisément : Abdelkader et Adda n'étaient pas de simples «patriotes», comme les autorités et une partie de la presse algériennes aimaient appeler les miliciens, ces civils armés par l'Etat. Les frères Mohamed faisaient régner la terreur dans la préfecture