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Interview

«L'armée n'est plus un danger au Brésil»

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A l'occasion du quarantième anniversaire du coup d'Etat militaire, le député et ancien guérillero Fernando Gabeira analyse la situation de la démocratie dans son pays.
publié le 1er avril 2004 à 0h04

São Paulo, de notre correspondante.

Il y a quarante ans, le 31 mars 1964, en pleine guerre froide, un coup d'Etat militaire, soutenu par les Etats-Unis, renversait le président brésilien João Goulart. Partisan des «réformes de base» prônées par la gauche, il était accusé de «communisme» par les conservateurs. La dictature s'installe pour vingt et un ans. Cinq généraux se succèdent à la présidence. En 1974, le régime entame une ouverture «lente, graduelle et sûre», qui aboutira à la restitution du pouvoir aux civils, en 1985. Le député Fernando Gabeira (1), 62 ans, avait pris part au plus beau «coup» de la guérilla, l'enlèvement de l'ambassadeur américain à Rio en 1969. Celui-ci avait été relâché contre la libération de prisonniers politiques, dont José Dirceu, aujourd'hui ministre de Lula et l'un des fondateurs, avec lui, du Parti des travailleurs (PT). Arrêté, Gabeira sera lui-même libéré contre l'ambassadeur de RFA et ne rentrera d'exil qu'en 1979, après une amnistie. Le député ­ qui vient de quitter le PT ­ revient sur cette période. Et sur l'expérience de la gauche, revenue au pouvoir avec Lula.

Comment se porte la démocratie au Brésil ?

Elle se consolide. Il n'y a plus de risque de rupture de l'ordre constitutionnel. Le contexte international depuis la fin de la guerre froide ne s'y prête plus. Et une grande partie des élites appuie Lula au Congrès, car il ne contrarie pas leurs intérêts. Même s'il le faisait un jour, ou si les attentes sociales étaient déçues, la légalité