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Libération

Le réveil des Chinois d'Indonésie

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Longtemps opprimés, les Sino-Indonésiens tentent de faire valoir leurs droits par les urnes.
publié le 2 avril 2004 à 0h04

Djakarta, envoyé spécial.

La tête de lion s'agite au rythme du tambour et des cymbales. Brandissant la gueule béante du monstre en carton-pâte, Yoni Kantius, 19 ans, s'efforce de reproduire les saccades codifiées du barongsai ou danse du lion, une des traditions millénaires du nouvel an chinois. C'est un travail d'acrobate qui requiert la plus grande précision : le jeune Sino-Indonésien évolue sur des piliers d'acier hauts de 3 mètres fichés dans le sol de cette salle de sport de Glodok, le quartier chinois de Djakarta. Sous le regard admiratif d'une quinzaine de jeunes Chinois venus pour s'entraîner à la danse du lion, Yoni éponge sa sueur. «Mes parents me disent que c'est trop dangereux, mais c'est mon hobby. C'est aussi une façon de perpétuer notre culture», dit-il. Aussi innocent que ce hobby puisse paraître, il n'en a pas moins été interdit en public par le gouvernement indonésien, comme la plupart des manifestations culturelles chinoises, jusqu'en 1999. C'est l'ancien président Abudurrahman Wahid, alors nouvellement élu, qui a aboli les lois discriminatoires imposées par le président Suharto trente-trois ans auparavant dans la foulée d'un coup d'Etat attribué par l'armée aux communistes. «La première fois que nous avons rejoué la danse du lion dans les rues de Djakarta, les gens pleuraient de joie», raconte Ronald Sjarif, directeur d'une troupe de barongsai. Depuis la chute de Suharto, en mai 1998, les Sino-Indonésiens se sont vu progressivement restituer leurs droits c