Nicosie, envoyée spéciale.
«Ils ont tout empoché et sont repartis...», titrait hier le journal nationaliste chypriote grec Simerini. «Ils», ce sont évidemment les Turcs, vus comme les grands gagnants du marathon diplomatique, conclu mercredi soir par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Malgré toutes les pressions internationales, le président de la République de Chypre, Tassos Papadopoulos, a catégoriquement refusé de signer la mouture finale du plan de réunification de l'île. Manière de ne pas cautionner une solution qui dépend désormais du résultat du référendum, prévu le 24 avril.
«Le "non" est notre seul choix», entend-on depuis des jours dans les rangs du Diko, le parti de centre droit de Papadopoulos. «Accepter ce plan, c'est prendre le risque d'un suicide national», déclarait, mercredi à Libération, le ministre communiste du Commerce, George Lillikas. La perspective d'un «non» du peuple chypriote grec n'a cessé d'enfler ces derniers mois, passant de quelque 60 % à 75 %, voire 90 % aujourd'hui, selon les sondages, tandis que le «oui» semble acquis du côté turc. «En sous-main, Papadopoulos a travaillé à chauffer à blanc l'opinion publique. Si cette propagande négative continue, le "non" l'emportera au Sud», constate un journaliste de Nicosie. Et l'île entrera divisée le 1er mai dans l'Union européenne, alors que toutes les précédentes tentatives de paix au forceps avaient jusqu'ici buté sur le refus du vieux leader historique de la RTCN, Rauf Denktash.
Réparation.