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Libération

L'Algérie frappe les trois coups de la comédie électorale

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publié le 6 avril 2004 à 0h08

Alger, envoyée spéciale.

Et si tout ce qu'on voyait était vrai ? Et si la campagne présidentielle en Algérie, qui s'est achevée hier avant le vote de jeudi, avait réellement été cette grande fiesta «à l'américaine», comme le martèlent les conseillers en communication des candidats ? Distribution de casquettes, immeubles décorés, minibus de supporters ? De Ouargla à Alger, les chansons des deux principaux adversaires passent en boucle en pleine rue, par haut-parleurs géants. Le sortant, Abdelaziz Bouteflika, appelle à sa réélection sur la musique du Loft 1. Ali Benflis, son ex-Premier ministre et principal adversaire aujourd'hui, s'est davantage concentré sur les paroles. Un refrain : «Vote Benflis, tu auras un F6.» Un autre ? «Vote Benflis, Alger sera plus belle que Paris.»

Rumeur. Et si la «bataille» entre ces deux camps était vraiment si tendue qu'elle avait failli éclater la semaine dernière ? Les hommes d'affaires, les diplomates, les cadres avaient reçu la consigne de ne pas traîner en ville. Barrages de police un peu partout. La rumeur a couru Alger. Ça allait barder. Des permanences se sont mises à brûler. Des affiches à se déchirer. Des scandales à sortir et les titres à gonfler à la une des journaux : «Escalade de la violence». Pour l'instant, c'est retombé. Mais est-ce qu'Alger n'a pas eu un peu peur ? Tout cela a bien eu lieu. Les électeurs l'ont bien vu, bien entendu.

«Le problème commence quand on décale un peu son regard de la mire qu'on est censé fixer», explique