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Analyse

Les responsabilités internationales dans la tragédie rwandaise

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Pourquoi Bruxelles, Paris, Washington et l'ONU, bien qu'informés de la préparation des massacres au Rwanda, n'ont pas su empêcher le génocide ?
Un véhicule blindé de l'ONU, en Ouganda, le 25 juillet 1994. (Photo Alexander Joe. AFP)
publié le 6 avril 2004 à 0h08

Cet article a été publié dans le cahier spécial de Libération pour les dix ans du génocide rwandais, le 6 avril 2004

Belgique : sévère examen de conscience

A la différence de la France, le génocide au Rwanda a été vécu comme un véritable traumatisme national en Belgique. Pour au moins deux raisons. La première est d'ordre historique : après la Première Guerre mondiale, Bruxelles s'est vu confier par la Société des nations (prédécesseur de l'ONU) la tutelle du «pays des Mille Collines». Un mandat qui prévoyait une «mission de civilisation». Après avoir administré le territoire en s'appuyant sur l'élite tutsie, le colonisateur finit par se tourner vers la majorité hutue pour tenter de conserver son influence. En 1959, deux ans avant l'indépendance, les Hutus se livrent à une série de massacres contre les Tutsis, poussant des dizaines de milliers de personnes à l'exode. Bruxelles ne pipe mot. En 1961, le Rwanda proclame son indépendance, mais les Belges restent très présents dans la capitale. Ce qui n'empêche pas, au début des années 90, les autorités de Kigali de faire appel à Paris pour contenir les offensives des rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame.

La seconde raison est liée à la crise : le 7 avril 1994, au lendemain du crash de l'avion du président Juvénal Habyarimana, dix Casques bleus belges sont assassinés, dans des conditions barbares, par des soldats hutus persuadés que Bruxelles est à l'origine de l'attentat. Le ministre des Affaires étrangères belge, Willy Claes, décid