Commémorer, d’accord. Mais s’incliner face aux rescapés du génocide des Tutsis du Rwanda ne semble pas être dans les intentions de la communauté internationale, qui avait assisté sans réagir, il y a dix ans, à l’exécution d’un plan d’extermination mis au point par un régime extrémiste. Le Rwanda commémore aujourd’hui solennellement, en présence de plusieurs dirigeants africains et du Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, le dixième anniversaire du «premier génocide africain». En à peine cent jours, d’avril à juillet 1994, 800 000 membres de la minorité tutsie et opposants hutus au gouvernement (hutu) avaient été massacrés.
Charniers. Au programme, l'inauguration d'un musée-mémorial, à Kigali (lire ci-dessous), et une cérémonie officielle dans le grand stade de la capitale. Chaque année en avril, l'atmosphère est lourde à Kigali comme sur toutes les collines verdoyantes du pays, où rescapés et bourreaux vivent côte à côte (lire le supplément de Libération du 6 avril). D'autant qu'à l'approche des commémorations, plusieurs charniers et fosses communes ont été rouverts pour en déterrer les cadavres de 1994, et leur offrir une sépulture décente dans les différents mémoriaux du pays. Hier encore, des habitants du quartier populaire de Nyamirambo, dans la capitale, passaient au crible les bouts de vêtements et les ossements extraits d'une fosse coincée entre deux maisons, afin de tenter d'identifier des membres de leur famille, tués puis brûlés en juin 1994.
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