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Libération

Elisabeth II, royale sur le bitume parisien

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Bain de foule populaire pour la reine, rue Montorgueil.
publié le 7 avril 2004 à 0h08

Une reine qui arpente un marché ne ressemble pas à un politicien en campagne. Accueillie rue Montorgueil par des hourras et des applaudissements, Elisabeth lève à peine sa main gantée de noir, celle qui ne tient pas le sac en cuir. Elle hésite à serrer les mains tendues, un exercice peu prisé outre-Manche, et surtout ne parle pas, ou si peu. «C'est beau !» finit-elle par lâcher en français devant un oeuf de Pâques à son effigie offert par le pâtissier local.

Grande muette. Lorsqu'elle s'approche du «bain de foule» inscrit au programme et entassé derrière les barrières, elle se risque à poser une question : «Où habitez-vous ?» Elle met un terme à la réponse qui excède le temps imparti par un simple : «How !» Cette grande muette s'exprime avec son visage. Elle pince les lèvres d'agacement devant les photographes qui manquent de la bousculer, écarquille les yeux quand un habitant demande à poser à son côté et affiche un large sourire, toujours le même, chaque fois qu'elle reçoit un cadeau. Des bouquets, un livre, un bracelet que sa suite fait disparaître aussitôt. De part et d'autre de la Manche, même le langage des signes diffère. La presse tabloïd anglaise accuse Jacques Chirac d'avoir osé «toucher» leur souveraine, la veille sur les Champs-Elysées. Une photo montre le bras du chef de l'Etat qui frôle le dos de son invitée. «Bas les pattes !» titre rageusement le Daily Mail.

Dans les rues de Paris, les Windsors ne font plus vraiment recette. Devant la pyramide du Louvre, ils ne