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Libération

Japon : Koizumi interdit de temple

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La visite du Premier ministre au sanctuaire shinto consacré aux Japonais morts au combat a été jugée anticonstitutionnelle.
publié le 9 avril 2004 à 0h10

Tokyo, de notre correspondant.

La visite, le 13 août 2001, du Premier ministre Junichiro Koizumi au sanctuaire shinto de Yasukuni, où reposent, entre autres, les cendres de quatorze criminels de guerre, était «illégale» car «contraire à la Constitution». C'est en ces termes que le tribunal de Fukuoka (sud du Japon), dans un verdict-surprise énoncé mercredi, a donné raison à 211 plaignants (religieux japonais, résidents coréens et citoyens) qui avaient porté plainte pour «violation de leur liberté de conscience».

D'après le jugement, le chef du gouvernement, en pénétrant dans l'enceinte du sanctuaire en sa qualité de Premier ministre, a transgressé l'article 20 de la Constitution (édictée en 1946), qui sépare l'Etat de la religion. Un sacro-saint principe d'autant plus marqué dans l'archipel que l'empereur Hirohito a abandonné son pouvoir divin à la reddition du pays, en 1945. Le juge de Fukuoka a néanmoins rejeté la demande d'indemnisation des accusateurs. Et a ainsi transformé le verdict en jugement «définitif», empêchant l'Etat nippon de faire appel.

La condamnation ne semble guère affecter Koizumi. «C'est irrationnel. Je ne comprends pas pourquoi c'est anticonstitutionnel», a-t-il réagi, feignant d'ignorer que le sanctuaire de Yasukuni symbolise l'ex-idéologie impériale de l'archipel et ses conquêtes passées pour constituer la «Sphère de coprospérité» de l'ex- «Grand Japon.» Mieux : en dépit du jugement, Koizumi, qui a effectué quatre visites au sanctuaire depuis son entrée