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Portrait

Abdelaziz BouteflikaUn symbole de l'Algérie des années 70

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Ecarté de la succession de Boumédiène, «Boutef» semble mû par son désir de revanche.
publié le 10 avril 2004 à 0h11

C'était au milieu des années 80, au temps de sa traversée du désert. Reclus dans son appartement algérois, «Boutef» n'est plus que le symbole des années 70, de cette Algérie de Boumédiène verrouillée par le parti unique, mais héritière d'une guerre de libération héroïque qui a fait d'elle un «phare». Conversation de bon ton avec un journaliste étranger. Abdelaziz Bouteflika est courtois, mais inébranlable : le déclin de l'Algérie a commencé avec la mort de Boumédiène et l'arrivée au pouvoir de Chadli Bendjedid. Le journaliste exprime un doute. Anodin. Le regard bleu qui, du temps de la puissance, fit chavirer tant de belles à l'ONU, vire à l'acier. Celui qui dirigea pendant seize ans (1963-1979) la très tiers-mondiste diplomatie algérienne explose. A «50 ans à peine», il est «jeune et tourne en rond, ici, pendant que Chadli brade le pays !».

Dauphin privé d'héritage

Une colère glacée qui, par-delà le refus de toute critique, renvoie à un traumatisme. A ce jour de décembre 1978 où il récite l'oraison funèbre de Boumédiène. Bouteflika ne fait pas seulement partie de cette génération passée, à 20 ans, de la lutte d'indépendance au sommet du nouvel Etat («commandant», il était basé pendant la guerre au Maroc, à la frontière avec l'Algérie). Il est le confident, l'homme de confiance, autant dire le dauphin naturel du défunt. Mais services de sécurité et armée en décident autrement : ce sera Chadli. Depuis ce jour, circulant entre Alger, Genève et le Golfe où il «conseille» les émirs pendant six ans, «Bout