Bugarama, Ngozi, Muyinga, envoyé spécial.
Le convoi a des allures d'auberge espagnole. Dans ses 4 x 4 flambant neufs aux vitres teintées, Pierre Nkurunziza emmène avec lui, à travers les collines burundaises, une cohorte de gardes du corps. Lourdement armés, les soldats de la paix sud-africains ne quittent pas d'une semelle le chef du principal groupe rebelle du pays, les Forces pour la défense de la démocratie (FDD), devenu numéro 3 du gouvernement d'union nationale fin novembre, à la faveur d'un accord de paix. Depuis, les «Sud-Af» sont tenus de collaborer avec sa garde rapprochée : des combattants issus de plusieurs années de maquis, aux uniformes disparates et aux armes rafistolées. Sur le passage du convoi, des soldats de l'armée régulière, dominée jusqu'à présent par la minorité tutsie, saluent avec enthousiasme leurs futurs compagnons d'armes des FDD, l'ex-rébellion hutue. «Regardez ! si ça, c'est pas le symbole du changement !» s'exclame l'un des collaborateurs de Nkurunziza.
En survêtement et baskets, l'ex-chef rebelle explique la nécessité de tant de protection : «Pendant les dix années de guerre, le gouvernement a distribué des armes aux civils pour créer des milices d'autodéfense. Même si la guerre est finie, ces armes n'ont pas été retirées, je dois rester sur mes gardes», fait mine de se plaindre Nkurunziza, dont les hommes sont accusés d'avoir perpétré nombre d'atrocités au cours de la guerre civile (1993-2003), y compris à l'encontre des civils. Lors de ses dép