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Libération

Comment Alger a saboté un programme de l'UE

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Un projet d'aide aux déplacés rejeté pour cause d'«atteintes à la souveraineté» algérienne.
publié le 14 avril 2004 à 0h13

Tout commence au début des années 2000, lors d'une visite de Romano Prodi, le président de la Commission européenne, à Alger. Fraîchement intronisé par les généraux algériens, Abdelaziz Bouteflika cherche à se défaire de l'image qui lui colle à la peau : celle d'un Président «élu», en 1999, en candidat unique après le retrait de tous ses adversaires pour cause de fraude annoncée. Soucieux de montrer que l'Algérie sort du tunnel, il avance une idée : faire participer la Commission européenne à une aide aux déplacés. Un projet très politique, l'implication de l'UE marquant la reconnaissance de fait d'un début de démocratisation en Algérie.

Accompagnement. L'idée prend corps au cours de l'été 2001 et un avant-projet voit le jour en décembre. Il vise notamment à «décongestionner des zones périurbaines, réinstaller des populations déplacées et améliorer [leur] niveau et qualité de vie». Concrètement, il s'agit de mettre sur pied les «mesures d'accompagnement» permettant aux populations qui le veulent d'être réinstallées sur leur lieu d'origine : réhabilitation des infrastructures sociales (écoles, santé, jeux, électricité...), remise en état des infrastructures productives (vergers, puits, microcrédits...), renforcement des institutions locales et des associations de développement. «C'est décisif car les candidats au retour ont une totale absence de confiance envers les autorités», explique un expert.

Le projet est ambitieux. S'étalant sur trois ans, il porte sur 30 millions d'euro