Johannesburg, de notre correspondante.
Joburg City Auto, la première concession BMW gérée exclusivement par des Noirs, aurait pu s'installer dans le quartier des affaires de Sandton, en banlieue nord de Johannesburg, où les grandes compagnies blanches ont choisi de se réfugier après la chute du régime d'apartheid, il y a dix ans. Mais c'est le centre-ville, réputé infréquentable la nuit, et «recolonisé» par la population noire, qui a été retenu par son état-major. Le quartier est un petit Manhattan, érigé par les fortunes amassées grâce à la découverte de l'or à la fin du XIXe siècle. «Il y a eu beaucoup de paranoïa postapartheid par rapport au centre-ville», reconnaît Ciko Thomas, un des quatre gérants de la concession, «mais le business revient en ville. Autant de clients potentiels».
«Brothers». Ce jeune entrepreneur de 33 ans assure savoir ce qu'il fait : «J'ai conçu moi-même la publicité : le premier garage BMW noir s'installe dans le centre de Joburg, symbole du pouvoir blanc déchu, pour vendre une voiture synonyme de réussite, en particulier celle de l'élite noire montante.» Et ça marche. Depuis l'inauguration de la concession, il y a trois mois, six clients noirs ont annulé leur commande de voiture dans des concessions de Sandton pour venir soutenir leurs «brothers». Joburg City Auto a dépassé tous ses objectifs mensuels.
«Lorsque j'étais vendeur à Sandton, les clients noirs faisaient la queue, parce que c'est avec moi qu'ils voulaient traiter, confirme Themba Masingi,