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Libération

Un million de déplacés livrés à eux-mêmes en Algérie

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Fuyant la violence, ils s'entassent à la périphérie des villes, sans assistance.
publié le 14 avril 2004 à 0h13

C'étaient les années les plus sanglantes de la sale guerre de la décennie 90. Des familles entières habitant des hameaux perdus sont massacrées. Dans l'Ouarsenis, la Mitidja, l'est du pays, des groupes armés égorgent sans épargner les enfants. Une mort atroce et inégalitaire : les civils frappés sont presque toujours les plus fragiles socialement. De fin 1993 à 1997 ­ une année marquée par les massacres de Raïs, Beni Messous et Benthala, aux portes d'Alger ­, il ne restait dans ces hameaux que désolation et survivants hagards. Par dizaines, ces derniers ont déserté leurs douars pour fuir l'horreur, abandonnant ce qu'il restait de leurs masures (Libération du 7 avril). Il y a peu d'images de ces cohortes de rescapés abandonnés de tous, partant pour nulle part avec de dérisoires attelages.

Aucune assistance. En une décennie, les violences ont fait de 150 000 à 200 000 morts. Mais combien sont-ils à avoir pris le chemin de l'exode, «casant» un enfant chez une tante ou un lointain parent avant d'aller s'entasser dans les périphéries urbaines ? «Un million», selon l'Union européenne. «Un million et demi», selon le Conseil norvégien des réfugiés, qui précise : «Ce chiffre fait de l'Algérie l'un des pays du monde où vit le plus grand nombre de déplacés.» Les habitants d'une même localité désertée se sont retrouvés dispersés sur toute une région sans que la carte scolaire, les services sociaux ou médicaux aient été adaptés à cet afflux. «La crise est plus grave que ce que beaucoup de