Johannesburg, de notre correspondante.
«Nous avons un gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple, mené par un président qui n'aime pas le peuple» : la formule du satiriste sud-africain Pieter-Dirck Uys résume bien l'image qui colle à la peau de Thabo Mbeki. Un président respecté, mais qui ne sera jamais adulé comme son prédécesseur, l'icône nationale et mondiale, Nelson Mandela, aujourd'hui âgé de 85 ans et retiré de la vie politique. Le manque de complicité entre le premier président noir du pays et son successeur, élu en 1999, est évident. Lors du dernier grand rassemblement électoral Congrès national africain (ANC), à Soweto la semaine dernière, ils se sont juste serré la main, puis copieusement ignorés pendant deux heures.
Arme efficace. Pourtant, Thabo Mbeki sera réélu sans problème par le Parlement, le 23 avril, pour un second mandat consécutif à la tête de l'Etat. Essentiellement parce qu'il est le chef de l'ANC, le mouvement de libération des Noirs en Afrique du Sud, grand vainqueur du scrutin d'hier. Homme d'appareil pur et dur, il fut l'une des armes les plus efficaces de l'ANC en exil et lors des négociations avec les milieux d'affaires blancs avant 1994.
Ses états de service dans la lutte contre l'apartheid sont incontestables. Né en 1942, dans une famille fidèle à l'ANC, fils de Govan, membre du Parti communiste sud-africain et journaliste influent, Thabo Mbeki est entré en politique dès l'âge de 14 ans, rejoignant la Ligue des jeunes de l'ANC. A cette é