Gravité de la situation oblige : l'Iran, en dépêchant une délégation officielle en Irak malgré l'occupation américaine, a accompli sa première démarche diplomatique d'importance depuis la victoire de la révolution islamique en 1979. Arrivée mercredi à Bagdad, cette délégation, dirigée par un fonctionnaire de très haut rang, doit tenter une médiation dans la crise entre la coalition et le chef chiite radical Moqtada al-Sadr. Si l'Iran s'est une fois de plus déchiré en février à l'occasion des élections législatives, conservateurs et réformistes sont tombés d'accord sur l'envoi de cette mission : la peur d'une «libanisation» de l'Irak et de ses conséquences en Iran les a réconciliés, de manière ponctuelle. «C'est la première fois qu'une telle initiative diplomatique ne fait pas débat au sein du régime. Elle a même été très appuyée de l'intérieur de l'Iran», souligne Ersan Naraghi, un intellectuel iranien qui ajoute qu'elle a été rendue possible «grâce au rapprochement de Washington avec l'ONU».
«Théâtre d'ombres». La mission iranienne arrive sur un chemin semé d'embûches. L'assassinat, jeudi, du premier secrétaire de l'ambassade d'Iran montre que Téhéran compte aussi des ennemis en Irak. Les déclarations contradictoires des Américains et des Iraniens brouillent également les pistes. Jeudi, le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher, a fait savoir qu'«il n'est pas approprié pour cette délégation d'essayer une médiation» avec Moqtada al-Sadr. «Ce qui est approprié, c'