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Libération

Bob Woodward révèle les coulisses de l'Irakgate

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publié le 20 avril 2004 à 0h17

Washington, de notre correspondant.

La scène est racontée dans le dernier livre de Bob Woodward, qui sort aujourd'hui aux Etats-Unis. Le 13 janvier 2003, dans le bureau ovale, George Bush reçoit son secrétaire d'Etat Colin Powell pour l'informer de son intention d'entrer en guerre contre l'Irak : «Les inspections [de l'ONU] ne mèneront à rien, je pense vraiment que je vais devoir le faire.» «Vous êtes sûr ? Vous avez conscience des conséquences, glisse Powell. Vous savez que vous allez devenir le propriétaire de cet endroit.» Le Président répond qu'il comprend, mais pense qu'il doit le faire : «Vous êtes avec moi sur ce coup-là ?», demande-t-il. Powell, bon soldat, opine. L'entretien s'achève au bout de douze minutes. Bush n'a même pas demandé l'avis de Powell. Son secrétaire d'Etat est d'ailleurs le dernier informé. Quelques jours plus tôt, Bush a prévenu sa conseillère pour la Sécurité nationale, Condoleezza Rice, son vice-président, Dick Cheney, et son secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. Même l'ambassadeur saoudien a déjà été mis dans le secret !

«Gestapo». Plan of Attack est un nouveau livre embarrassant pour l'administration Bush. Car Woodward n'est pas un pamphlétaire : c'est un vétéran du Washington Post, légendaire pour avoir, avec Carl Berstein, fait éclater l'affaire du Watergate. Il est en bons termes avec l'administration Bush et a interviewé, pour son enquête, 75 personnalités, dont le Président. Mais son livre, qui raconte par le détail la préparation de la