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Libération

«J'étais sa femme, sa petite bonniche, Cendrillon par terre»

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Témoignage accablant de Sabine, qui a survécu au pédophile Dutroux.
publié le 20 avril 2004 à 0h17
(mis à jour le 20 avril 2004 à 0h17)

Elle rit. Un rire clair, frais, qui se heurte à la cage de verre où est enfermé Marc Dutroux. Et c'est lui qui se dérobe, engoncé dans une minerve, les poings sur les tempes. Sabine Dardenne a 20 ans, un travail et un amoureux. Comme elle l'avait promis avant le procès, droite à la barre des témoins, elle regarde «dans les yeux» celui qui l'a séquestrée, violée et terrorisée pendant quatre-vingts jours. Elle lance : «Puisqu'il a toujours dit que j'avais un caractère de cochon, pourquoi ne m'a-t-il pas liquidée ?» Lui, au 40e jour de son procès, reste pour la première fois sans voix : «On lui a mis ça dans la tête...» Sabine : «Pas très convaincant !»

«Dans le gaz». Il est 7 h 30 à Kain, le 28 mai 1996. Sabine, 12 ans et demi, pédale sur le chemin de l'école. Un vieux camping-car la dépasse, elle est happée à l'intérieur. Un homme la plaque sur un matelas tandis qu'un autre charge le vélo. Dutroux, son complice Lelièvre et leur petite victime filent à Marcinelle, là où Julie, Melissa, Ann et Eefje sont déjà mortes de faim, de soif et de solitude. «Il m'a fait avaler des pilules, j'étais dans le gaz, raconte Sabine, mais je posais plein de questions. Tout ce qui m'intéressait, c'était savoir qui étaient ces deux gars et ce qu'ils voulaient.» Une heure après, elle est enchaînée sur un lit, nue, à l'étage de la maison de Marcinelle. Dutroux la regarde. «Il m'a dit qu'il m'avait sauvé la vie, qu'un méchant chef qui en voulait à mon père parce qu'il était gendarme