Arlon envoyée spéciale
Au deuxième jour de la huitième semaine du procès Dutroux, qui semble couler dans le gros paquebot de verre du palais de justice, le président Stéphane Goux expédie le témoignage de Lætitia Delhez. Emue, fragile, elle doit relater les trois journées qui ont saccagé son enfance. L'enlèvement, les drogues, les viols, les mains noires de cambouis de Marc Dutroux sur sa peau de 14 ans... Elle n'a pu prêter serment: «Je jure de dire la vérité, mais sans haine et sans crainte, non !» Elle ne trouve pas les mots. Le président parle à sa place : «Il vous disait: "Tout le mal que je peux te faire, c'est te faire l'amour", n'est-ce pas ?» Lætitia : «Oui.» «Il vous a donné des pilules contraceptives périmées ?» «Oui.» «Vous n'avez pas été suivie par un psychologue ?» «Non.» Le président : «C'est bien. Apparemment, vous pouvez vous en passer.»
Fin de l'interrogatoire, bâclé en quarante minutes, de l'enlèvement près de la piscine de Bertrix le 9 août 1996 à l'ouverture de la cache de Marcinelle par les gendarmes le 15 août. Lætitia, qui s'est déjà plainte de ne pas avoir été interrogée pendant l'instruction, peut retourner à son travail, technicienne de surface dans une gare près de Bertrix, et à ses cauchemars. Souvent, elle rêve de Sabine, jouant interminablement à une console vidéo dans la cache de Marcinelle.
Bourdes. Des questions ? Une femme jurée se lève. «Nous sommes frustrés ! Quand on voit le temps perdu avec des témoignages d'enquêteurs qui disent les mêmes