Washington, de notre correspondant.
Guantanamo est au banc des accusés. Mardi, la Cour suprême des Etats-Unis examinait pour la première fois la légalité de la prison pour terroristes installée sur une base militaire américaine à Cuba. Pendant ce temps, aux Nations unies, Cuba tente de pousser une résolution devant la Commission des droits de l'homme, exigeant plus de transparence sur le traitement des prisonniers.
La Cour suprême doit juger s'il était possible d'interdire aux 660 détenus de Guantanamo de saisir des tribunaux américains pour protester contre leur sort. Selon Washington, les talibans ou les membres d'Al-Qaeda sont des «combattants ennemis» qui ne peuvent être considérés comme des «prisonniers de guerre» relevant de la convention de Genève : ils peuvent donc être détenus pour de longues durées, sans procès et sans accès à un avocat.
Artifice. Au cours de l'audience de mardi, le représentant de l'administration Bush, Theodore Olson, a tenté de convaincre les juges : le droit américain, a-t-il expliqué, ne peut s'appliquer à Guantanamo, qui ne fait pas partie du territoire américain (la base est une concession illimitée accordée par Cuba depuis 1903). Pour l'avocat des détenus, John Gibbons, un ancien juge fédéral, cet argument est un artifice pour justifier la création, par l'exécutif, d'une zone de «non-droit».
Cinq des neuf juges avaient l'air de sérieusement tiquer en écoutant Olson. «L'idée que l'exécutif puisse être libre de faire ce qu'il veut sans contre-pou