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Libération

Israël : «A ceux qui me disent traître, je dis que je suis fier»

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Entre ovations et injures, Vanunu, l'«espion nucléaire», est sorti hier de prison.
publié le 22 avril 2004 à 0h18

Jérusalem, de notre correspondant.

Parlera-t-il ? C'est fait. Mordechaï Vanunu, «l'espion nucléaire» israélien, a d'ores et déjà enfreint les restrictions posées à la veille de sa libération. A peine sorti de prison, hier à 11 heures, le matricule 100592, enfermé pendant dix-huit ans, dont onze à l'isolement dans la section des «traîtres» de la prison de haute sécurité de Shikma (Ashkelon, Sud), a tenu une conférence de presse improvisée ­ et tumultueuse ­ devant un parterre de médias, de sympathisants et d'adversaires.

«Traitement cruel». Revêtu d'une chemise blanche, d'un pantalon et d'une cravate noirs, brandissant des deux mains le «V» de la victoire, il s'est expliqué devant une forêt de micros. En anglais, et non en hébreu, par refus désormais de tout lien avec l'Etat juif. Parlant le plus souvent de lui-même à la troisième personne, il a dénoncé le «traitement cruel et barbare» subi en détention «parce que chrétien». «A tous ceux qui disent que je suis un traître, je dis que je suis fier et heureux de ce que je fais», a-t-il lancé. «Vous n'avez pas réussi à me briser, à me rendre fou», a-t-il dit, ajoutant qu'Israël «n'a pas besoin d'armes nucléaires maintenant que le Proche-Orient est dénucléarisé».

Revenant sur ses déclarations, Vanunu a précisé : «Je n'ai pas dit qu'il n'y a pas besoin d'un Etat juif, mais que Mordechaï Vanunu n'en a pas besoin !» Converti au christianisme, il voudrait étudier l'histoire et émigrer aux Etats-Unis, non sans avoir affirmé, au passage, q