Istanbul, de notre correspondant.
«Ce n'est pas une surprise. Nous avons travaillé pour rien pendant treize mois. La Cour a confirmé un verdict qui était déjà déclaré injuste par un tribunal international. La Cour a dès le début traité nos clients comme des condamnés alors qu'ils étaient de simples accusés. Je crois que la Cour de cassation et la Cour européenne des droits de l'homme réviseront ce verdict», a déclaré Me Yusuf Alatas, hier vers midi, à la fin de la dernière audience de la Cour de sûreté de l'Etat (CSE) d'Ankara.
Les juges de la CSE ont confirmé à l'unanimité le verdict rendu par le même tribunal en 1994. Les quatre députés kurdes Leyla Zana, Orhan Dogan, Selim Sadak et Hatip Dicle étaient condamnés à quinze ans de prison pour avoir violé l'article 168 du code pénal turc, qui sanctionne «l'appartenance à une organisation séparatiste terroriste». La Commission européenne, qui doit cet automne donner son avis sur la candidature de la Turquie à l'Union européenne, a «déploré avec vigueur ce verdict». Un verdict qui, ajoute la Commission, «crée des préoccupations sérieuses dans le contexte des critères politiques [de l'UE] et jette une ombre sur la mise en place des réformes politiques en Turquie».
Déception. La Cour européenne des droits de l'homme avait statué le 17 juillet 2001 que les quatre accusés n'avaient pas eu droit à un jugement juste et équitable. La Turquie avait été également condamnée à verser 140 000 dollars de dommages et intérêts aux quatre Kurdes.