Buenos Aires, de notre correspondant.
Banlieue sud de Buenos Aires, à 25 minutes en train de la gare de Constitución. Dans ce quartier typique de la classe moyenne, où se côtoient maisons cossues et pavillons soignés, un groupe de voisins est réuni sous un lampadaire au coin d'une rue. Une femme prend la parole, raconte que des cambrioleurs sont entrés chez elle à partir du terrain vague qui jouxte son pavillon. L'épouse de l'avocat, qui vient juste de faire repeindre en rose sa réplique d'hacienda, renchérit sur le vol de deux lanternes de jardin. Un peu de racket, quelques agressions, l'ouverture d'un bar louche, un vol de voiture... Une peur sourde s'est emparée de ce barrio tranquille où la police ne passe jamais. De toute façon, personne ne lui fait confiance et un quart seulement des victimes de délits dans la capitale osent porter plainte, selon une enquête de la police datant de 2002. Alors certains proposent de se cotiser pour engager une entreprise de sécurité privée qui installera un garde armé dans une guérite au coin de la rue, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. D'autres s'y refusent. Ils rappellent que la plupart des employés de ces sociétés sont d'anciens flics de la «Bonaerense», la police de Buenos Aires. «La sécurité privée, c'est toute une mafia», grommelle un retraité.
«Inégalité croissante». Le Grand Buenos Aires (13 millions d'habitants) se mobilise pour lutter contre une vague d'insécurité qui traumatise actuellement ses habitants, alors que la délinq