Depuis bientôt trente ans, Stelios Semadhiakos vient presque chaque jour jusqu'au panneau de l'ONU signalant le début de la zone tampon qui coupe l'île en deux. Son village, Panozodhia rebaptisé Yukari Bostangi par les Chypriotes turcs , n'est qu'à quelques centaines de mètres. Il était totalement interdit jusqu'à l'ouverture du «mur» l'an dernier. Stelios regarde le petit clocher désormais sans croix et les champs d'orangers qui s'étendent juste derrière la ligne de barbelés hérissée de miradors où flotte le drapeau turc. Si le plan Annan était adopté, Stelios pourrait bientôt retrouver sa maison et ses vergers. Pour ces villages proches de Morphou, à l'ouest de l'île, ce serait cent quatre jours après la création du nouvel Etat unifié.
Déchirés. «Le coeur m'inciterait à dire oui pour enfin récupérer mes biens, mais la raison me dit de voter non car il n'y a aucune réelle garantie : les Turcs nous ont trompés trop de fois, et les Américains les soutiennent toujours», explique cet ingénieur à la retraite. Une méfiance partagée par une forte majorité de Chypriotes grecs qui savent que leur République, seule autorité internationalement reconnue, intégrera de toute façon l'UE le 1er mai. Les réfugiés venus du Nord occupé ou leurs enfants plus du tiers des Chypriotes grecs sont les plus déchirés sur le vote historique de ce samedi.
En lisière du gros bourg agricole d'Astromerides, le camp B est un alignement de dizaines de petites maisons blanches toutes id