Menu
Libération

La rage après le carnage chez les déshérités de Sadr City

Article réservé aux abonnés
Un obus a tué 14 civils irakiens dans cette banlieue de Bagdad samedi.
publié le 26 avril 2004 à 0h21

Bagdad envoyé spécial

L'obus a fauché la foule, ce samedi au matin, couchant une cinquantaine de passants dont quatorze ne se relèveront plus. Un carnage dont personne ne comprend la raison. De cible, point, aussi loin que porte le regard. Masures de briques crues, ruelles puantes, jonchées d'ordures, inondées d'eau croupie. Pas de base américaine, ni d'édifice public ou de commissariat. Périphérie miséreuse d'un faubourg populaire, le marché aux poulets de Sadr City est un quartier si pauvre que personne n'a jamais songé à lui trouver un nom. «Nous n'avons rien. Nous ne sommes personne.» Salam Awad désigne un cratère dans le sol. «Voici tout ce que les Américains nous ont jamais donné.» Pour les déshérités de Sadr City, aucun doute n'est permis. «Ce crime porte la signature de l'occupant. Les Etats-Unis organisent le chaos pour justifier leur présence en Irak, proclame le frère d'une victime, sous les approbations. Un jour, nous vengerons nos morts.»

Chapiteau de plastique. Une conviction renforcée par les prêches incendiaires des religieux représentant le jeune dirigeant chiite radical Moqtada al-Sadr, entré en dissidence au début du mois. Dans les faubourgs populaires de Bagdad, bastions de son mouvement, les réquisitoires des ayatollahs pèsent autrement que les dénégations indignées de la coalition. Surtout quand l'occupant pointe un doigt accusateur vers l'armée du Mehdi, la milice des partisans de Moqtada al-Sadr, qui aurait tiré par mégarde sur le marché aux poulets en