Washington, de notre correspondant.
Il est très rare qu'une manifestation parvienne à couvrir les trois kilomètres de pelouse du Mall de Washington, entre le Capitole et le Potomac. Dimanche, pourtant, les organisations américaines de défense des droits des femmes ont attiré plusieurs centaines de milliers de manifestants, peut-être un million : des femmes, pour la plupart, venues clamer leur rejet de l'administration Bush qui, depuis son arrivée, multiplie les coups de canif contre le droit d'avorter. Une marée rose la couleur de cette Marche pour la vie des femmes à fois joyeuse et grave, regroupant toutes les générations.
A genoux. L'oratrice la plus remarquée, Hillary Clinton, a rappelé que la dernière grande manifestation en faveur des droits des femmes, en 1992, avait précédé de quelques mois la victoire de son mari à la Maison Blanche. «La seule façon d'éviter de marcher sans cesse, c'est de voter pour John Kerry», a-t-elle lancé. Sur les bords de la manifestation, tenus à distance par des barrières de sécurité, des contre-manifestants chrétiens, parfois à genoux, brandissaient des affiches clamant leur condamnation de la «guerre contre les foetus». Un camion circulait dans la ville, portant de grandes photos sanguinolentes d'un foetus de plusieurs mois démantibulé.
La «guerre civile culturelle» américaine était tangible, ce dimanche, dans la capitale. Sur les télévisions, les commentateurs conservateurs n'étaient pas à un amalgame près : «Le 11 septembre a renforcé