Washington de notre correspondant
George W. Bush a reçu hier, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, la commission d'enquête sur les attentats du 11 septembre. Il est très rare qu'un Président en exercice accepte de se prêter ainsi au jeu des questions d'enquêteurs officiels. Malgré ce souci affiché de transparence, le Président n'a pas croulé sous les louanges. Car, en acceptant de donner son témoignage sur la façon dont il a réagi aux attentats, Bush a posé des conditions qui, comme le dénonçait jeudi l'éditorial du New York Times, «oscillent entre le ridicule et le discutable».
Il a ainsi exigé, sans explications, d'être accompagné par le vice-président Dick Cheney. Version gentille : il souhaite éviter d'être en contradiction avec les souvenirs de son vice-président. Version méchante : c'est Dick Cheney qui dirigeait le pays après le 11 septembre et Bush est incapable de répondre seul aux questions. Autres exigences du Président : l'audition ne devait pas être publique ; elle ne devait pas être enregistrée la commission avait juste droit à un preneur de notes ; il ne devait pas y avoir de verbatim... Justification officielle : les propos du Président relèvent du «confidentiel défense».
Un argument étrange, la commission ayant déjà entendu en public des responsables très informés, comme le directeur de la CIA, sans que cela pose de problème. «Ce n'est pas une enquête criminelle ! Le Président et le vice-président veulent juste donner des informations à la commission»