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Libération

L'étrange jihad d'une bande de musulmans thaïlandais

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Ferveur religieuse, luttes politiques locales, rôle de la Malaisie voisine... autant d'explications aux attaques lancées mercredi dans le sud du pays contre la police et l'armée.
publié le 3 mai 2004 à 0h27

Pattani envoyé spécial

Pourquoi des dizaines de musulmans ont-ils lancé une série d'attaques contre des postes de police et des barrages militaires dans le sud de la Thaïlande, mercredi ? Cinq jours après cette vague de violences au cours de laquelle 108 musulmans ont été tués, la réponse reste floue. La ville de Pattani, où 32 de ceux que le gouvernement thaïlandais qualifie de «séparatistes» ont été abattus dans une mosquée, bruit de rumeurs et de théories de complot. Même dans les familles des assaillants, c'est l'incompréhension. «Mon frère n'aimait que le football. C'était un bon étudiant. Il n'a jamais été impliqué dans le trafic de drogues ou dans quoi que ce soit du genre», dit Manoyee Maeprommi, dont le frère cadet, Kamarrudin, a été tué par la police dans un restaurant de la province de Songkhla.

Wahhabisme. Ces attaquants, dont l'âge va de 18 à 63 ans, semblent avoir été motivés par un mélange de volonté de vengeance et de ferveur religieuse. Le wahhabisme ­ la volonté d'en revenir à un islam pur et dur promu par l'Arabie Saoudite ­ est présent dans le sud de la Thaïlande depuis le début des années 80. Mais il s'est renforcé tout récemment, non seulement du fait du contexte international et de l'aversion que provoque ici la politique américaine au Moyen-Orient, mais aussi à cause des quelque 800 musulmans thaïlandais qui reviennent chaque année des madrasas ­ écoles coraniques ­ du Pakistan, d'Arabie Saoudite et de Syrie. «Quelques-uns de ces diplômés du Moyen-Orien