Le 22 avril, Laurent Gbagbo prenait la plume pour se plaindre à Kofi Annan de l'inaction des Nations unies face aux violations des droits de l'homme en Côte-d'Ivoire. Il a été servi. Au-delà de ses espérances ! Le rapport de la commission d'enquête de l'ONU sur les événements des 25 et 26 mars à Abidjan, remis au secrétaire général vendredi dernier et dont Libération a obtenu une copie, est accablant pour le président ivoirien. «Le 25 et le 26 mars, des tueries sans distinction ont eu lieu contre des civils innocents ; deux journées au cours desquelles des violations massives des droits de l'homme furent commises», estiment les experts de l'ONU. Tout s'est passé «sous la direction et la responsabilité des plus hautes autorités de l'Etat». Ces deux jours ont fait au moins «120 morts, 20 disparus et 274 blessés». «Des chiffres qui ne sont en aucun cas un bilan final», préviennent les experts de l'ONU, qui, faute de temps, n'ont pu établir un décompte final. Les Nations unies ont recueilli des informations crédibles sur l'existence «d'au moins deux fosses communes, à N'Dotre et à Akouedo».
Viser. Le pouvoir est non seulement coupable d'avoir tué des civils mais aussi d'avoir visé certaines catégories de population. «Une bonne partie des tueries intervenues le 25 et le 26 mars n'eurent pas lieu dans la rue, mais dans les bidonvilles où des manifestants potentiels, voire des civils innocents ont été pris pour cibles par les forces de sécurité, simplement à cause de leur nom, de le