Bogota de notre correspondant
Dès l'arrivée de la camionnette aux vitres teintées, Carlos Castaño a bondi. «Ils viennent me tuer», aurait-il crié à son escorte. Le fondateur et chef politique des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), milices paramilitaires engagées depuis les années 1980 dans une guerre à mort contre les groupes armés d'extrême gauche, se serait précipité aussitôt hors de la petite maison, alors que ses agresseurs ouvraient le feu, dans ce village de l'Urabá, région du Nord-Ouest colombien. Depuis cette attaque du 16 avril, que seuls deux gardes du corps rescapés ont pu relater aux autorités, le sort de Carlos Castaño est une énigme : abattu, capturé puis étranglé par ses propres compagnons d'armes ou simplement en fuite ? De toute façon introuvable par la justice colombienne...
Massacres. En plus de vingt ans de combats, cet ancien éclaireur de l'armée avait mené bien des attaques à la tête des milices d'extrême droite, se rendant coupable de nombreux massacres de civils. En 1997, son indéniable charisme lui avait même permis d'unir la plupart de ces bandes régionales au sein des AUC. Avec l'appui de narcotrafiquants et de grands propriétaires, et la complicité souvent dénoncée de l'armée, ce groupe, aujourd'hui fort de 10 000 à 15 000 combattants, a établi, depuis, son emprise sur des régions entières du pays, chassant les guérillas d'extrême gauche qui y sévissaient parfois depuis quarante ans. L'Urabá, où s'est déroulée l'attaque, est l'un de ces bastions