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Libération

«Le plus dur : savoir quand il faut s'arrêter»

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publié le 6 mai 2004 à 0h29

«Inadmissible», «inqualifiable» et «contre-productif». Les sévices infligés aux détenus irakiens par des soldats américains consternent l'officier français dont le métier est justement l'interrogatoire des prisonniers de guerre. En cas de nécessité. Le lieutenant-colonel Gilles Michel est à la tête d'une unité très discrète de l'armée de terre, le groupement de recueil de l'information (GRI), créé en 2000. Basés à Metz, ses 75 hommes sont des spécialistes du renseignement humain auprès des prisonniers. Depuis la guerre du Golfe (1991), l'armée française n'a plus eu de prisonniers de guerre, même s'il lui est arrivé de procéder à des arrestations au Kosovo. Une armée qui a aussi eu ses tortionnaires, notamment en Algérie.

«Ego de la personne». « Frapper un prisonnier, c'est comme demander à une huître de se fermer alors qu'on veut l'ouvrir pour la manger», théorise l'officier français. «La brutalité et la violence déclenchent un système de défense chez le prisonnier. Il va dire n'importe quoi pour que les coups s'arrêtent.» Les militaires français ont un concept d'interrogatoire basé sur des «entretiens» et sur «la gestion du stress». «La méthode la plus efficace est de jouer sur l'ego de la personne interrogée et de trouver ses points faibles», ajoute Gilles Michel. La gestion du stress s'appuie sur les travaux du professeur Hans Selye. Cet endocrinologue a déterminé trois phases dans le «syndrome général d'adaptation» : le choc, la résistance et l'épuisement. «Pour nous, il