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Libération

Le massacre religieux s'intensifie au Nigeria

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Le raid punitif de miliciens chrétiens contre des musulmans aurait fait 630 morts.
publié le 7 mai 2004 à 0h31

En vingt-quatre heures, le bilan des victimes d'un raid punitif de miliciens chrétiens contre les villageois musulmans de Yelwa, dans le centre du Nigeria, a été multiplié par dix. Selon des témoins et un responsable local de la Croix-Rouge, cités hier par l'AFP, ce ne sont plus 67 mais au moins 630 personnes ­ hommes, femmes et enfants ­ qui auraient été massacrées, dimanche, à la mitrailleuse lourde et à la machette dans cette bourgade située à 300 km à l'est de la capitale Abuja. Le pouvoir central a dépêché sur place 600 policiers et instauré un couvre-feu.

Les raisons de cette tuerie, qui aurait duré une journée entière sans que les forces de l'ordre ne réagissent, restent, pour le moment, obscures. Mais Yelwa est situé dans l'Etat du Plateau, une zone marquée depuis des années par de fortes tensions entre chrétiens et musulmans (à parité égale dans le pays), exacerbées par les difficultés socio-économiques grandissantes que connaît le Nigeria. Premier producteur de pétrole en Afrique, l'Etat le plus peuplé du continent (près de 130 millions d'habitants) se montre incapable d'absorber les deux à trois millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. 70 % de la population vit actuellement avec moins d'un dollar par jour, un chiffre qui place le Nigeria au 152e rang sur 175 dans le classement du développement humain établi par les Nations unies.

Dans ce contexte dégradé, l'Etat du Plateau, situé aux confins du Nord majoritairement musulman et du Sud où