Londres, de notre correspondant.
Les très indiscrets journaux populaires britanniques viennent de subir une grande défaite. Dans un arrêt qui fera date, la Chambre des lords a reconnu jeudi qu'une personnalité aussi célèbre que Naomi Campbell pouvait prétendre au respect de la vie privée, un principe jusque-là quasiment absent du droit de la presse outre-Manche. Par trois voix contre deux, les lords ont condamné le Daily Mirror pour avoir divulgué trois ans plus tôt les démêlés du mannequin avec la drogue.
Pour le Daily Mirror, la supertop model est de la chair à tabloïds. Son rédacteur en chef, Piers Morgan, la décrit comme une «prima donna», une m'as-tu-vu qui ne peut pas à la fois courir après les médias et vouloir préserver son intimité quand ça l'arrange. Le 1er février 2001, il n'a pas hésité à publier à la une des photos de la jeune femme devant un centre pour toxicomanes à King's Road, dans le quartier de Chelsea. Le mannequin s'était senti «choquée, furieuse, trahie et violée» par ces révélations. Le reporter, qui s'était fait passé pour un patient, avait recueilli les confidences du personnel et d'autres toxicos. Naomi Campbell avait toujours démenti sa dépendance à la cocaïne et avait admis que le journal était en droit de dénoncer son mensonge, mais pas de la photographier à son insu et de jeter ensuite les clichés en pâture à ses lecteurs.
Naomi Campbell avait gagné en première instance mais avait été déboutée l'an dernier en appel. Les juges de la cour d'appel ava